Trois révolutions industrielles ou pourquoi l’homme est l’avenir de l’homme ?

« Aujourd’hui, nous sommes dans la troisième révolution industrielle, d’aucuns prétendent que nous sommes dans la quatrième mais nous sommes bien dans la troisième. Et cette troisième révolution industrielle a trois retombées dont la première est la fameuse Intelligence artificielle. » Permettez moi de citer Luc Ferry, conférencier, philosophe, ancien ministre de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche. Je partage sa vision et son analyse sur notre environnement professionnel et nos prochains besoins, je vous les confie sans porter de jugement. L’idée ici est plus de prolonger une réflexion sur les bouleversements professionnels, industriels, économiques et politiques qui nous animent tous, nous touchent de prés ou de loin, plus ou moins fortement pour l’instant mais qui, et c’est une chose certaine, conditionne dès à présent notre rapport aux relations humaines et l’importance de mieux comprendre notre temps.

L’intelligence artificielle cela veut simplement dire qu’elle n’est pas humaine, elle est artificielle. Cette IA est capable d’analyser, de décrypter, de gérer des milliards de données, quelques fois même des dizaines de milliards en quelques minutes et donc des millions en quelques secondes sur une petite application, sur un capteur, qui se trouve d’ailleurs parfois sur votre iphone. C’est ainsi que cela fonctionne et ce qui va caractériser l’économie collaborative, ce n’est pas du tout la fin du capitalisme, ce n’est pas la fin de la propriété privée, ce n’est pas la fin du travail et certainement pas la fin du profit ; c’est au contraire un super super capitalisme dans lequel nous entrons. Demandez aux hôteliers ce qu’ils pensent d’Rbnb, c’est une concurrence qui est exercée par des non professionnels, zéro restaureurs, pas d’hôteliers chez Rbnb, grâce à une petite application qui est gérée par l’IA et donc c’est une concurrence que les hôteliers jugent pas du tout collaborative mais très déloyabe parce que eux ils disent : nous avons des charges sociales, nous avons des normes incendie, des normes handicap, nous avons des murs à entretenir. Vous les particuliers vous n’avez pas ces contraintes qui pèsent sur vous et par conséquent c’est totalement déloyal.

Au passage, l’estimation de la capitalisation de Rnbn est de 30 milliards de dollars aujourd’hui, le groupe Accord c’est 11 milliards de dollars et Rbnb c’est uniquement une application, aucun mur, aucun meuble. On rentre vraiment dans des supers profits, de la dérégulation, donc un super capitalisme que l’on peut juger que c’est formidable ou au contraire que c’est déplorable, mais c’est tout sauf la fin du profit, tout sauf la fin du capitalisme, c’est au contraire un super capitalisme et encore une fois la base de la base c’est l’IA, sans elle pas de traitement du big data sur un capteur et donc aucune économie collaborative sans IA. C’est le cœur de la troisième révolution industrielle.

La deuxième retombée c’est la mobilité, c’est par exemple la Google car qui est parfaitement au point désormais. C’est la voiture auto pilotée. Elle vient de faire cette année des millions de kilomètres dans le trafic sans accident, cela sans volant. C’est une véritable révolution. Il y a aussi des tracteurs auto pilotés qui sont en train de bouleverser le monde de l’agriculture, mais aussi des camions, des 15 tonnes qui effectuent d’ors et déjà des livraisons aux Etats-Unis sans chauffeur. C’est une révolution dont on n’a pas idée, elle va être extrêmement rapide, le seul problème que l’on a c’est comment remplacer un parc automobile qui existe déjà par un nouveau. Il y a encore deux ans, cette voiture auto pilotée avait des problèmes de reconnaissance faciale, avec des questions comme « de qui doit-on prendre le plus soin entre le chien et la vieille dame ? » mais c’est aujourd’hui parfaitement au point.

Cela veut dire plus de problématique d’alcool au volant par exemple, changement de l’urbanisme dans les villes. Cela va bouleverser certains secteurs comme les assureurs. Cela pourrait être une catastrophe, car comme les primes sont calculées en fonction des risques et si les accidents disparaissent et ils vont disparaître quasi entièrement, c’est une catastrophe pour ce secteur qui va devoir s’adapter sur un nouveau modèle économique. Evidemment, cela va aussi entrainer la disparition d’un des métiers le plus répandu dans le monde, celui de chauffeur. Uber a déjà acheté une centaine de voitures auto pilotées et donc c’est une révolution avec un problème majeur : est-ce que l’on va vivre la fin du travail ? C’est une problématique qui est aujourd’hui très répandue mais qui s’avère totalement fausse. Il suffit de constater par exemple, plus un pays est innovant, moins il y a de chômage. Paradoxalement, l’innovation créé des emplois. Si l’on prend l’exemple de la suisse qui est un des pays le plus innovant au monde, grâce notamment aux laboratoires pharmaceutiques, c’est le pays dans lequel il y a le moins de chômage en Europe aujourd’hui. Ils sont à 3,2 points de chômage ce mois de mars et donc plus un pays est innovant et moins il a de chômeurs. C’est un paradoxe mais c’est ainsi.

 La troisième retombée de cette troisième révolution industrielle, c’est ce que l’on appelle le transhumanisme, c’est à dire le projet de passer d’une médecine qui était une médecine thérapeutique (on appelle le médecin quand on est malade, quand on s’est cassé quelque chose. Le médecin est là pour soigner, c’est le modèle thérapeutique), le projet transhumanisme qui est notamment financé par les Gafa (Google entre autres) à coût de milliards de dollars, ce n’est pas une plaisanterie, depuis maintenant une vingtaine d’années ; donc ce projet vise à faire passer la médecine de la thérapeutique à l’augmentation. Améliorer, de même que l’on parle de réalité augmentée, c’est tout à fit la même idée. Il s’agit d’augmenter l’être humain comme on augmente un grain de maïs OGM. Donc d’améliorer l’espèce humaine dans tous les sens du terme et le vrai projet du transhumanisme avec une filiale de Google qui s’appelle Calico (California Life Compagny), créée en 2013, c’est d’augmenter vraiment la longévité humaine. On ne l’a jamais augmentée contrairement à ce que l’on pourrait croire. On a augmenté l’espérance de vie à la naissance, considérablement. Quelques chiffres, l’espérance de vie des français en 1900 est de 45 ans seulement, en 1950 l’espérance de vie est de 62 ans, aujourd’hui elle est de plus de 80 ans. On a formidablement augmenté cette espérance mais on meurt toujours, en gros à 100 ans. Et il y avait déjà dans la chine ancienne, dans la grèce ancienne, des centenaires donc nous n’avons jamais vraiment augmenté la longévité. On a augmenté l’espérance de vie, notamment grâce aux antibiotiques, aux innovations techniques et scientifiques mais c’est aussi politique. Le travail est aussi aujourd’hui beaucoup moins dur que du temps de nos grands parents. Le projet de Calico c’est d’augmenter vraiment la longévité, de lutter contre la vieillesse et de contribuer à fabriquer une humanité qui serait jeune et vieille à la fois. Si jeunesse savait, si vieillesse pouvait. C’est ça l’idée.

Si vous tapez sur Google « souris transgénique, université de Rochester », vous verrez le phénomène de petites souris qui vivent 30% plus longtemps que des souris normales, grâce à une transgénose mais surtout, ces petites souris elles vivent beaucoup mieux, car il s’agit de vivre plus longtemps en bonne santé intellectuel et physique. Ces petites souris n’enregistrent aucune cataracte, pas de maladie cardio vasculaire, très peu de cancer et surtout une mobilité beaucoup plus grande. Ce que disent les transhumanistes, c’est que nous sommes déjà passé dans la deuxième moitié du 20ème siècle dans la médecine de l’augmentation, par exemple avec la chirurgie esthétique (quelque soit la définition que l’on donne à la laideur, ce n’est pas une maladie), et puis avec les drogues évidemment. Toutes les drogues au sens large, le viagra c’est typiquement une médecine de l’augmentation sans vouloir faire de jeu de mot. Avoir des troubles de l’érection passé cent ans, ce n’est pas pathologique. Tout ce qui relève des drogues et même à la limite la vaccination déjà, nous sommes déjà dans une médecine de l’augmentation et donc les Gafa (Google, Apple, Amazone et Facebook) tout comme les BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi), c’est l’équivalent des Gafa mais en chine et qui sont aussi puissant qu’eux, sont aujourd’hui presque plus performants dans ce domaine qu’est l’IA que la silicone vallée.

Leurs revenus sont équivalents au PIB du Danemark, donc nous avons là des entreprises qui sont beaucoup plus puissantes que des états et qui traversent les frontières évidemment. Nous avons là, quelque chose qui est en train de révolutionner le monde de l’économie mais aussi le monde de la mobilité, celui de la médecine. Chaque fois, on trouve au cœur, l’intelligence artificielle.

Pas de séquençage du génome humain sans IA, pas non plus de thérapie personnalisée de cancer généralisé. Une cellule du cancer, une seule cellule cancéreuse connaît dans sa vie deux millions de mutations, une tumeur comprend des milliards de cellules donc pour analyser les mutations d’une cellule cancéreuse, il a été calculé qu’il faudrait 40 ans d’un cerveau d’un oncologue humain pour le faire quand l’IA le fait en, deux minutes.

Aujourd’hui, c’est une course relais. Un enfant aujourd’hui quand il nait a une espérance de vie en gros de cent ans mais quand il arrivera à soixante dix ans la révolution de la biotechnologie, notamment grâce au séquençage du génome mais aussi grâce au sécateur d’adn, le fameux Crispr-Cas9 (ciseaux génétiques), inventé par une chercheuse française et une américaine, Emmanuel Charpentier et Jennifer Doudna, dont on a parlé cette année qui sont bien placées pour avoir le nobel, qui permet de couper coller l’adn aussi facilement que l’on coupe et colle un mot sur un traitement de texte. Quand vous mettez les deux, sécateur d’adn plus séquençage du génome, dans soixante dix ans il est très probable que la médecine réparatrice aura tellement progressé qu’un enfant qui nait aujourd’hui pourra vivre probablement jusqu’à 150 ans. Donc le problème n’est pas de savoir si l’on va vivre plus vieux, c’est désormais absolument certain, le problème c’est de savoir dans quel état.

Quand aujourd’hui on pose la question aux gens « est-ce que vous voulez vivre 200 ans ? » ils disent non car ils pensent à leur arrière grand père qui termine dans un fauteuil roulant. Le projet ce n’est pas cela. C’est de vivre en pleine forme.

Alors, qu’est-ce que c’est qu’une révolution industrielle ? Si l’on veut comprendre ce qui nous attend dans les 30 ans mais plus prés encore, dans les trois ans qui viennent, car nous aurons la Google car, également Peugeot, Renault qui s’y sont engagés, on aura la révolution médicale installée avec par exemple l’intelligence artificielle qui pilotera entièrement les opérations chirurgicales, aujourd’hui on a encore des joysticks et dans cinq c’est terminé. Si l’on souhaite comprendre ce qu’il se passe il faut vraiment rentrer dans ce qu’est une révolution industrielle et comprendre surtout aujourd’hui la troisième en survolant les deux premières.

Pour qu’il y ait révolution industrielle il faut qu’il y ait trois éléments associés entre eux

1/ une nouvelle source d’énergie. Une ou plusieurs (électricité, la vapeur…) Il faut que cette nouvelle source d’énergie permette deux modes de communication différent.

2/ Deux modes de communication différent. Communication des idées d’un côté (communication intellectuelle, virtuelle) et puis de l’autre côté communication physique (communication des marchandises et des personnes). Des idées d’un côté. Des personnes et des choses de l’autre.

3/ et le troisième niveau : Il faut que ces organisations commandent une réorganisation complète de l’économie. Un bouleversement complet.

La première révolution industrielle on est exactement en 1769. Watt invente une magnifique machine à vapeur. Et cette machine à vapeur elle va bouleverser le monde, pourquoi ?

Parce que l’on va la coupler très rapidement avec la machine à imprimer. Machine à vapeur + machine à imprimer, cela donne les rotatives.

C’est la naissance à la fois, en allant très vite, de l’éducation nationale et de la démocratie.En effet, les rotatives à rouleau cela va permettre l’imprimerie industrielle, donc cela permet de la grande presse nationale qui n’existait pas avant (avant il avait des gazettes mais pas de grande presse nationale), et quoi que l’on pense de la presse, sans espace public de discussion, sans Res Publica, il n’y a pas de démocratie. La naissance de la presse est donc liée directement à ce couplage et de l’autre côté naissance de l’éducation nationale, car sans manuel scolaire ou livres bon marché, pas d’instruction publique.

Puis, le deuxième mode de communication, la naissance du chemin de fer. Transport des hommes et des marchandises.

Troisième niveau de la première révolution industrielle, c’est la naissance de l’usine. La sidérurgie. C’est à dire, des unités de production centralisées avec un big boss entouré d’un directoire, d’un cabinet comme un ministre et toute une foule d’ouvriers qui travaillent et obéissent à ce directoire. C’est la naissance de l’usine, c’est la naissance de l’urbanisation de l’Europe et c’est la naissance de la classe ouvrière.

C’est un bouleversement du monde occidental assez extraordinaire. C’est l’opposé de l’économie collaborative, d’Rbnb, d’Uber, de Blablacar et les autres…car c’est un commandement hiérarchisé, vertical et nous ne sommes pas du tout dans l’horizontal de particuliers qui échangent avec d’autres particuliers via une application gérée par l’IA.

La deuxième révolution industrielle on est un siècle après. Certains parlent de quatre révolutions mais Luc Ferry et d’autres d’ailleurs parlent bien de trois révolutions industrielles.

La robotique, le traitement du big data, l’internet des objets et l’IA c’est le cœur de la troisième. Et ce trio est très important comme le souligne l’économiste Christian Saint Etienne. Nous sommes en 1880 et là Edison invente non pas l’électricité mais il invente l’ampoule à filament. L’électricité c’est bien avant notamment avec en 1840 la pile voltaïque.

Edison invente donc l’ampoule à filament en 1880 et la même année, la première centrale électrique voit le jour à Saint Moritz en Suisse. C’est à dire, la production industrielle de l’électricité. Puis très peu de temps après, on invente la voiture avec le moteur à explosion. On retrouve deux sources d’énergies, formidables ressources industrielles et l’on voit apparaître un nouveau mode de communication des idées : le TSF (le télégramme sans fil) puis rapidement LA TSF, la radio, le téléphone, la télévision.

De l’autre côté, communication des choses et des personnes, communication physique c’est le train électrique, beaucoup plus rapide que la vieille locomotive à vapeur et puis le camion, la voiture et l’avion à hélice.

Troisième niveau de la deuxième révolution industrielle, nous voit apparaître les multi nationales. Sans téléphone et sans avion, pas de multi nationales.

Alors pourquoi Luc Ferry défend le principe de trois et non quatre révolution industrielles ?

Dans toute révolution industrielle, il y a un moment de destruction des mondes anciens. L’innovation est destructrice. Elle est formidable, elle va apporter des progrès mais dans un premier temps, l’innovation va détruire les emplois anciens. Le train à vapeur, cela détruit les diligences…

Elle créée dans un second temps, de nouveaux objets de consommation, de nouveaux modes de vie et de nouveaux emplois. Mais ce n’est pas tout de suite. Donc dans un premier temps ça fait mal. Si vous êtes du bon côté du manche ça va, si vous êtes laminés par l’innovation vous trouvez cela détestable.

1831, la révolte des Canuts à lyon. Les canuts sont des ouvriers tisserands. On les appelle des canuts car ils tissent avec des grosses aiguillent en bois que l’on appelait des canes. Ils se révoltent contre cette formidable innovation, cette machine à tisser qui pique leurs emplois. C’est la fameuse machine Jacquard. Là, le mot sabotage va prendre ici tut son sens, car avant si saboter cela voulait dire au moyen âge, taper par terre du pied pour applaudir quelqu’un, ici c’est plutôt son sens moderne : détraquer une machine. Ils jettent leurs sabots dans la machine à tisser pour la détraquer, puis ils jettent les machines dans le Rhone ou dans la Saône. La police intervient, la répression est terrible.

Précédée d’ailleurs en 1811 par la révolte des Luddites en Angleterre. Cela nous explique la confrontation Uber et les taxis, Rbnb et les hôteliers. Nous n’avons rien inventé.

Evidemment et fort heureusement, la machine à tisser va recréer énormément d’emplois. Beaucoup plus qu’elle n’en détruit. Simplement, ce ne sont pas les mêmes emplois, pas au même endroit et pas pour les mêmes personnes. Traduisant dans un environnement actuel, il y a 3000 librairies en France, Il y a toutes les chances que Amazon va détruire le réseau des libraires comme le réseau des disquaires vient de l’être. Il en existera toujours mais beaucoup moins et pour un usage beaucoup plus ciblé.

Donc encore une fois, ce n’est pas du tout la fin du travail. Les nouvelles technologies créent énormément d’emplois. Simplement, nous faisons face à un problème de déversement. La personne aux caisses d’un supermarché qui est en train de perdre son emploi au profit d’un robot ne va pas devenir data scientist dans le quart d’heure. Le problème cela devient un problème de formation professionnelle. Il va falloir accompagner ces changements, ces transformations professionnelles, ce déversement ?

Ce qui se profile ce n’est pas tant la fin du travail mais plutôt une destruction massive d’emplois et une recréation massive d’emplois, mais qui seront très différents et qui supposerons des qualités professionnelles très différentes. C’est ça le cœur de la réflexion d’aujourd’hui et de ce que nous allons vivre.

Nous avons là une énorme deuxième révolution industrielle et la naissance d’une nouvelle problématique : la révolte contre l’innovation.

La troisième révolution industrielle on est à nouveau cent après

(on compte la phase de destruction, phase de création tout comme entre la première et la seconde). Nous sommes en 1990. La troisième révolution industrielle a cependant une caractéristique spéciale, c’est que la nouvelle énergie c’est l’intelligence. Nous rentrons dans un nouveau monde où si l’on peut dire, c’est l’intelligence qui est le nouveau pétrole de l’économie. Et que se passe t il en 1990 ? Un britannique et un belge invente le web. A ne pas confondre avec l’internet. Le web c’est une application de l’internet. Application géniale, qui consiste à dessiloter, à casser les barrières. C’est la métaphore de la toile. Ces deux chercheurs inventent un langage commun sur la toile.

Dés lors, nous pouvons communiquer avec tout le monde, à n’importe quel point du globe, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. C’est la première dans l’histoire de l’humanité que l’humanité est entièrement connectée avec elle même.

On retrouve les deux modes de communication. Communication des idées, c’est Google et les réseaux sociaux (instagram, twiter, snapchat, facebook…). Un milliard de photos sur Instagram chaque jour. Ce sont des échanges qui permettent à l’IA de progresser. Ce qui compte dans l’IA ce ne sont pas les algorithmes, mais la quantité de matières qu’elle a comme nourriture. Plus on lui donne de photos, plus la reconnaissance faciale progresse.

Tout ce que nous mettons sur le net, nourrit les Gafa et par la même l’IA.

D’ailleurs ce que l’on appelle les big data, ce n’est pas la peine d’être compliqué, c’est toutes les traces que nous laissons sur le web. Jean Tirole, le prix nobel français d’économie l’analyse sous le nom d’économie bi front ou bi face. Pourquoi ? Parce que c’est gratuit pour vous et payant pour l’entreprise. Les traces laissées dans nos navigations sur google ou autre ne coûtent rien. Il n’y a pas un compteur qui se met en marche quand on navigue sur Google mais Google ramasse nos traces et les revend. Pour les entreprises qui vont racheter ces big data pour cibler ensuite une population ou une autre, cela génère à titre d’exemple un profit pour Google en 2011, 55 milliards de dollars uniquement en revendant nos datas, nous, nos traces.

Ce qui a fait dire à Tim Cook, patron d’Apple : «  Si c’est gratuit, c’est que c’est vous le produit. »

On va retrouver à partir de cette nouvelle énergie qu’est cette intelligence, les deux modes de communication qu’il y a toujours dans une révolution industrielle, communication des idées c’est Google et les réseaux sociaux et puis communication des choses, c’est l’internet des objets. Pour l’essentiel, l’internet des capteurs. Il y a aujourd’hui 15 milliards d’objets connectés dans le monde, c’est ce qui permet à Uber, Rbnb entre autres de fonctionner. C’est logé dans notre smartphone et cela permet aussi à l’IA de traiter les big datas. On pense qu’à la fin de la décennie, il y aura 300 milliards d’objets connectés. Il y en aura partout. Autre exemple de communication réel et physique, les chaînes de distribution. Cela change tout. Des capteurs dans les camions aujourd’hui sont capables de déceler si la marchandise est bien conditionnée, si elle conserve sa fraîcheur, toute information sur l’état du chargement.

Troisième niveau de la troisième révolution industrielle, c’est la naissance de l’économie collaborative. L’inverse de l’usine. Peer to peer. Particulier à particulier. Via trois innovations : le traitement du big data sur l’internet des objets par l’IA, qui seule est capable de traiter autant de données (milliers, millions) en temps réel.

Il y a 8 innovations géniales et convergentes dans cette troisième révolution industrielle :

–      Les 4 NBIC ( Nano technologies, Bio technologies, Informatique et l’IA (cognitivis)

–      Les imprimantes 3D. On imprime aujourd’hui, non seulement des carrosseries de voiture, des maisons mais on imprime aussi des tissus humains.

–      La robotique.

–      L’hybridation homme-machine. Il existe déjà des puces électroniques qui permettent de redonner la vue à des non voyants. La puce est greffée derrière la rétine et permet de recouvrir une partie de la vue. Avec le séquençage du génome. On est capable aujourd’hui de détecter dans une goutte de sang, plus de 200 maladies potentielles.

–      Le travail sur les cellules souches. Elles sont totipotentes, elles peuvent tout faire. Médecine réparatrice. On peut aussi les reprogrammer, jusqu’au spermatozoïde et des ovules. L’exemple du prix nobel Yamanaka en 2012 a été justement nobel de médecine car ayant reprogrammé des cellules souches, il a réussi a fabriqué des spermatozoïdes et des ovules et fabriqué des souriceaux avec deux souris mâles.

Ne pas confondre les deux intelligences artificielles (IA).

Il y a l’IA faible et l’IA forte. L’IA faible c’est l’intelligence artificielle qui est capable depuis 1997 de battre le champion du monde Kasparov aux échecs. Aujourd’hui elle va beaucoup plus loin encore. C’est une vraie exponentielle. Elle a battu ensuite le champion du jeu de Go ce qui est beaucoup plus difficile et cette semaine, elle a battu les quatre meilleurs joueurs de poker, ce qui beaucoup plus difficile encore. Parce que au poker il faut apprendre à mentir, à bluffer et il faut savoir quand l’autre bluffe. Très difficile pour une machine. Cette IA faible est capable de décrypter 200 millions de pages par minute, correctement en comprenant ce qu’elle lit. C’est cela qui a permis le séquençage du génome. Il a couté 3 milliards de dollars depuis 1997 et aujourd’hui pour 300 dollars et une goutte de salive, ce même séquençage est capable de vous dire au bout d’une semaine, quels sont vos risques de cancers et une soixantaine de maladie. A la fin de cette décennie cela coutera moins cher qu’une prise de sang. Tout le monde fera le séquençage de son génome.

Et il y a l’IA forte. Rien à voir. L’IA forte, c’est le vrai projet de Google et Calico, surtout de l’université de la singularité Google Brain. L’IA forte c’est le projet de fabriquer une vraie intelligence. Cela veut dire une machine qui aurait un cerveau en silicone, qui aura la conscience de soi, ce qui n’est pas le cas de l’IA faible qui est juste un calcul formidable mais qui reste un calcul. Cet ordinateur il aurait la conscience de soi, il aurait des émotions. La peur, la colère, la jalousie, l’amour, la haine…donc une vraie machine humaine, une vraie intelligence humaine. Pas seulement une puissance de calcul mais une intelligence avec un cerveau conscient de soi. Chez Google brain ils ont déjà fabriqué des petites séquences de neurones en silicone qui discutent entre elles et qui ont créées un code, un langage pour discuter entre elles. Est-ce que l’on y va ou pas, aujourd’hui personne ne le sait mais voilà le problème que cela pose et c’est très important. En 2015, Stephen Hawking, Bill Gates et Elon Musk le patron de Tesla, l’inventeur de paypal et le patron de space X. Tous les trois ont signés contre l’IA forte, ce qui veut dire qu’ils y croient. Elon Musk a même mis 10 millions de dollars dans une fondation pour réfléchir à la régulation de cette IA forte.

 Stephen Hawking a même confié : « si nous parvenons à l’IA forte, ce sera un grand pas pour l’humanité mais ce sera le dernier. » On aura fabriqué une machine darwinienne qui n’a qu’une seule idée en tête. Eliminer ceux qui peuvent l’éliminer. Bref, vous vous rappelez de Terminator…Il faut donc prêter plus qu’une grande attention à cette intelligence artificielle en devenir et poser le plus tôt possible un cadre et des limites.

Merci à Luc Ferry pour ses éclairages et son partage. J’espère que cela vous permet aussi d’y voir un peu plus clair et interroge notre faculté à nous questionner. N’hésitez pas à entrer en contact pour échanger sur le sujet ou sur d’autres. Je suis convaincu de l’utilité des relations humaines dans ce monde mais encore plus dans le prochain.